Antoine Foucher propose de geler les pensions des Français bien que le Président de la République s’y oppose. Même Thomas Cazenave partage cette idée. Mais qu’en est-il vraiment ?
La désindexation des retraites : de quoi s’agit-il exactement ?
L’ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud au ministère du Travail, Antoine Foucher, plaide en faveur d’un gel des retraites. Bien que cette mesure ne soit pas validée par le Président de la République, celle-ci est soutenue par le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave.
Nous parlons ici de la fin de l’indexation automatique des pensions sur l’inflation. Vous l’aurez compris, cette éventuelle mesure s’apparente à une désindexation des retraites en France, soit un gel total des pensions. En cas de revalorisation des pensions, celle-ci serait inférieure à l’inflation. Cette sous-indexation permettrait de réduire le déficit public.
Pour Antoine Foucher, cette mesure devrait s’appliquer aux retraités les plus aisés en France. « Nous n’avons plus le choix, notre endettement est tel que la charge des intérêts de la dette dépassera dans deux ou trois ans le budget de l’Éducation nationale : 60 milliards d’euros par an ». Rappelons que cet homme politique a déjà contribué à différentes réformes au début de la présidence d’Emmanuel Macron.
Selon lui, le poids de la dette risque d’obérer les capacités d’investissement de l’Etat dans l’éducation, dans la réindustrialisation et dans la transition énergétique. En d’autres mots, cela peut mettre en péril l’avenir du pays.
Le président de la République s’oppose à cette éventuelle sous-indexation !
Emmanuel Macron n’adhère pas à cette mesure de sous-indexation ou de désindexation des retraites. Thomas Cazenave a d’ailleurs été recadré le 6 mars dernier en Conseil des ministres. D’après ce dernier, il y aura un débat sur ce sujet dans le cadre du projet de budget 2025. Le ministre délégué rappelle que la hausse des pensions de retraite de base de 5,3% en janvier avait couté plus de 14 milliards d’euros.
De nos jours, les débats politiques sur les pensions de retraite sont chauds. Selon les sondages, le taux de participation des personnes de plus de 65 ans, lors des élections, s’avère plus élevé.
Pour mémoire, Emmanuel Macron avait prévu un recul partiel sur l’augmentation de la CSG (contribution sociale généralisée) à la fin de l’année 2018. A l’évidence, cette mesure a été déployée en réponse au mouvement des « gilets jaunes ». Rappelons que cette hausse est en vigueur depuis le 1er janvier de cette année pour certains retraités.
Pour les partisans de la sous-indexation ou de la désindexation, cette mesure devrait s’appliquer aux retraités menant un niveau de vie supérieure à la moyenne des actifs. Et, cela comprend à la fois les Français qui travaillent et les demandeurs d’emploi.
D’après un document présenté le 16 février 2023 au Conseil d’orientation des retraites (COR), cette supériorité s’affaiblit. En 2019, le niveau de vie moyen des retraités se chiffrait à 2 132 € par mois, contre 2 099 € pour les actifs.
Toujours selon le COR, les revenus découlant du patrimoine sont plus importants pour les retraités Français par rapport à ceux des actifs. De fait, ces ex-salariés et ex-travailleurs disposent d’un patrimoine plus conséquent.